FRANCE 3

Article La Montagne

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Armand Klavun est l’un des derniers chaumiers de France à maîtriser la technique dite limousine du lien de paille. Un savoir qui lui a valu d’être nommé Maître d’art par le ministère de la culture et de la communication.

On ne naît pas chaumier, on le devient. Et la plupart du temps, c'est un peu par hasard. L'histoire d'Armand Klavun en atteste.

Débarqué un peu par hasard en Corrèze en 1985, rien ne le destinait à finir sa vie sur les toits des chaumières de France. Et pourtant, Il a suffi d'une rencontre, pour écrire le reste du livre de sa vie.

« Je suis arrivé en Corrèze en tant que chômeur, sans aucune idée de ce que je pouvais faire. Avant, j'étais conducteur d'autocar, rien ne me prédestinais au métier d'artisan chaumier. »

« Sa personne dégageait quelque chose d'extraordinaire »

C'est la rencontre avec un artiste creusois, Serge Ferrat, qui va tout chambouler. « Serge Ferrat était chaumier, sculpteur, un peu poète, et faisait de la radio libre. C'était un artiste. J'avais très envie de le connaître, sa personne dégageait quelque chose d'extraordinaire. »

Selon l'artisan, la meilleure façon pour faire la connaissance d'une personne, c'est par le biais du travail. C'est donc sans hésitation qu'il sollicitait l'artiste pour se former au métier de chaumier. De façon totalement non officielle, Armand Klavun devient l'élève de Serge Ferrat pour quelques mois. Rapidement, la magie opère. « Ce qui m'a séduit, c'est la beauté du travail accompli, manipuler une matière particulière, pratiquer un métier peu courant. C'est gratifiant. »

Peu de temps après sa première expérience, le Corrézien d'adoption s'installe à son compte. La machine est lancée, son nom commence à être reconnu dans le milieu. Sa particularité, maîtriser deux techniques de chaumier : la technique dite limousine, du lien de paille avec de la paille de seigle, et la technique dite hollandaise, avec des roseaux de Camargue.

C'est pour sa maîtrise de la technique du lien de paille qu'Armand Klavun a été nommé Maître d'art par le ministère de la culture et de la communication. L'Institut national des métiers d'art a lancé un appel auprès des artisans susceptibles d'être intéressés par cette nomination, appel qu'Armand Klavun a, dans un premier temps, décliné. « Je pensais que cette technique n'intéresserait personne. Si mon fils aîné n'avait pas pris la décision de monter le dossier, je n'aurais jamais postulé. »

Cette technique dite limousine n'est plus utilisée aujourd'hui. La hollandaise, plus compétitive, a pris la relève depuis une dizaine d'années. La volonté de l'Institut des métiers d'art est de ne pas perdre un savoir-faire de la culture française. « Aujourd'hui je dois être l'un des seuls chaumiers dans le pays à connaître cette technique. Quand j'ai appris que j'étais nommé, j'ai d'abord été étonné, puis content, et maintenant fier. »

Renseignements. Art et traditions du chaume, le bourg, 19110 Monestier-Port-Dieu. Tél. 05.55.94.41.88 ou 06.83.25.52.70. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Sarah Douvizy

Matériau sans frontière

Ancestral, noble et naturel, le chaume a souvent était délaissé pour l’ardoise, la tuile ou la tôle. Mais la qualité et la beauté des toitures en chaume suscitent un regain d’intérêt, et aujourd’hui on rénove des bâtiments anciens dans le souci de la revalorisation du patrimoine.

De plus les couvertures végétales sur constructions neuves se multiplient. On les trouve en France bien sûr, mais aussi dans toute l’ Europe, et particulièrement en Angleterre, en Allemagne, et dans les pays scandinaves. Quelle que soit la région, associé à la pierre, au torchis, au pisé ou au colombage, la toiture de chaume trouve toujours une place naturelle dans l’environnement

Matériau universel


Si le mot « chaumière » évoque une modeste maison du moyen-âge, il ne faut pas rester attaché à cette image. De source sûre, on trouve l’usage du chaume comme couverture dans l’ Égypte ancienne.

L’habitat gaulois est construit en bois, des poteaux soutiennent la charpente, les toitures de chaume sont hautes, débordantes et à deux pans. Autour des habitations du village, des bâtiments spécialisés (ateliers, granges, étables) sont également en chaume. Ce peuple qui craignait que le ciel ne leur tombe sur la tête avait trouvé de quoi se protéger. La romanisation n’a pas modifié la fonction du chaume, utilisé aussi dans la couverture des édifices publics (sanitaires par exemple).

Plus récemment, jusqu’au début du XX ème siècle, la paille de seigle abritait 75% des habitations du Massif Central, ainsi que les bâtiments d’exploitation et collectifs.